Articles

Affichage des articles du 2018

Fragiles

Image
On le sait tous. La vie tient à un fil. J’ai reçu deux appels l’un après l’autre qui me le prouvent plus que jamais. Des étoiles s'éteignent. D'autres ne cessent de briller. Ma petite Maman, 87 ans, en a vu s’éteindre du monde. A son âge, le succès ou l’objectif n’est-il pas « d’avoir encore des amis » ? A force, les mauvaises nouvelles finissent par ne plus l’effleurer. Elle les reçoit comme une info presque banale, au milieu des grèves et de la modernité qui l’éreintent. Les nouvelles coulent comme la rivière sur les pierres. Seuls les mots Internet, Facebook ou Google l’irritent au plus haut point. « Tu as trouvé ça où ? » « Sur internet » ! Cette seule réponse la fait flancher, plus que toutes ces morts annoncées. A son âge, vivre avec son siècle est un effort trop difficile, d’ailleurs quel est son siècle à elle, le XXe, le XXIe, elle qui voit le vide se former autour d’elle ? Heureusement qu’il y a la famille et de jeunes amies, encore pimpantes et joyeuses, de vi

Ben, voilà aut'chose

Image
Très belle photo, désolée de l'avoir empruntée, que l'auteur me pardonne ou qu'il se manifeste... Je m'en doutais que la nouvelle tomberait un jour. Il a tenu quand même, le bougre. Je suis mort qui qui dit mieux... Comme beaucoup beaucoup de fans, j'ai aimé cette étoile, sur scène bien sûr. Mais surtout chez moi, dans ma chambre d'adolescente. Je posais l'aiguille sur le vinyle avec douceur. En boucle. Je me gavais de façon indécente. A Bercy, en 1986, il était tout petit sur l'immensité de la scène, une scène grise en uniforme, qui occupait tout le parterre de la salle de spectacle. Des blocs montaient et descendaient, Mory Kanté apparaissait comme une ombre sortie des fumigènes avec sa cora. "Bonsoir Jacques !" Puis Youssou N’Dour. C'était magique. Je retrouvé ce morceau divin d'entrée en scène : Ygare. https://www.youtube.com/watch?v=6fIaf2c-l7k Dans cet espace grandiose, le petit bonhomme sautillait en équilibriste, com

Le trio de Raphaël

Image
Nom : Reybier. Prénom : Raphaël. Age : 43 ans. Profession : grand voyageur. Le fils Reybier court le monde pour promouvoir ses trois cuvées issues de la Trinité des vignobles terriens. Bordeaux, Tokaj, Champagne (par ordre d'entrée en scène). Les yeux pastel de Raphaël Reybier. Photo M.H. Quatre consonnes et trois voyelles c'est le prénom de Raphaë l. Comme dans la chanson de Carla Bruni, Raphaël ensorcelle. Pas de délice, pas d'étincelle, pas de malice sans Raphaël. Il est vrai que porter l'image de trois appellations de taille aide à faire tourner les têtes et les verres. Ce grand voyageur adore partager. Tout. Ses expériences, ses voyages, ses anecdotes, ses réflexions, ses impressions. Bavard ? A peine. Intarissable. C'est pourquoi ce vendredi soir il a réuni ses amis, voisins et confrères de Tokaj autour d'un repas tout chinois, concocté par M. Tao, le patron de deux restaurants de Budapest, le Taiwan et le Hong-Kong, pour fêter le Nouvel An chino

Onze petits diables

Image
Alors tout s'est précipité. De trèèèès occupée, je suis devenue dé-bor-dée. Je le voyais venir, mais pas à ce point. Tout a commencé un vendredi soir. Le 17 février 2017. De gauche à droite : Bodza, Szonja, Pluto, Lutra, Mattyi, Szofi, Max, Bimbi, Toundra, Rocky et Bulette. Crédit Aliz Varga Le premier arriva à 21h12. Doris se tortillait sur le canapé. Elle avait enflé ces dernières semaines, traînant de façon lasse son énorme panse, prête à exploser, ne sachant que faire de ses dix tétines gonflées. Je ne voyais pas une goutte de lait en sortir, ni de colostrum. Je n'étais pas vraiment inquiète. Je savais qu'elle cachait sous son manteau roux et dense au moins deux petits diables, comme l'avait montré une échographie maladroite et trop rapide. Invasion de vizsla en vue ! Crédit M.H. Vahur, le papa, et sa fille Lutra. Crédit Aliz Varga. Les ados étaient là, de retour de pension. Nonchalence habituelle. L'un était figé devant mon ordi. Le d

Les joies d'Ikéaaaaaa

Image
En Hongrie aussi, nous connaissons le pèlerinage Ikéa. Souvenir d'une journée épuisante, vraiment épuisante. Les pandas du zoo de Budapest. Photo M.H. Je rebondis sur l'actualité et sur cet excellent dessin posté sur FB par Blandine Vié à propos du décès d'un monsieur suédois (ai-je le droit de le publier ici ?). En Hongrie aussi, nous avons un Ikéa. Certes, la Hongrie n'est pas bien grande (attention, sujet sensible) mais il faut quitter sa cambrousse et pousser jusqu'à la capitale pour pénétrer le temple du meuble et des fanfreluches. Nous voilà donc partis un jour de vacances avec nos deux adolescents (le troisième étant à Pékin) et la ferme intention de passer la journée à traîner dans les rayons, comme on aurait fait une balade en forêt. Une forêt de fauteuils, de canapés, de lampes et d'oreillers à donner le tournis. Nous y allons en connaissance de cause et avec un petit espoir - pas trop grand tout de même - de trouver pour notre gars de 15 a

Grands-mères (1)

Image
Elles sont précieuses car elles sont le lien. Le lien au pays. Les racines. Le retour à la terre, aux trésors qui nous manquent quand on est loin. Et combien de trésors contiennent notre passé, nos ex-lieux de vie, et surtout, le paradis de l’enfance. D’où viens-tu ? de Paris ? Non. De mon enfance. Quand la porte de l’appartement s’ouvre, c’est toujours pareil. Mamine a encore pris une tête de moins. Ne pourrait-elle cesser de rapetisser ? Les garçons sourient. Darius prend ce petit air gêné, sa faussette brille sur son visage encore poupon. Mais dieu qu’il a grandi ! Et toi, Mehdi, quel beau jeune homme. Ses quinze ans l’ont rattrapé, il a de la longueur dans les bras et une banane sur le front, sculptée par une Hongroise qui fait aussi bien que Thierry, le coiffeur parisien de Mamine rue Saint-Dominique (à Paris, les coiffeurs s’appellent tous Thierry). Mamine sent la douceur, son pull Zara tout doux la rend encore plus douce. Son pantalon de velours côtelé a la braguette ouv

Voyage imprévu

Image
Tout commence mal. Les ratés s'enchaînent mais, au final, mènent à une situation qu'on savoure car totalement inespérée.  Je ne me lasse jamais de cette gare. Ce mardi 23 janvier, je refais ma liste. Encore et encore pour ne rien oublier. Nous avons prévu un atelier gourmand au lycée des garçons, à Miskolc. Un atelier de cuisine française sans prétention, pour les amateurs de notre langue tant aimée et de plaisirs culinaires. Au programme : galette des rois, avec la fève et les origines de cette fête croustillante. Il faut du beurre, de la poudre d'amande, du sucre, des oeufs, une fourchette, un pinceau ou une spatule molle, un bol, un fouet, et des pâtes feuilletées. Deux, une pour le dessous, l'autre pour le dessus. J'ai acheté ces dernières en France car elles sont rares en Hongrie.  Elles sont fraîches et il est indiqué sur l'emballage : "Feuilletez autre chose que de des magazines" (je tairai la marque). Nous sommes au point avec

Valparaiso, vingt ans jour pour jour

Image
Impossible de retrouver cet hôtel où tu m'avais demandé ma main. Il n'existe probablement plus. Comment s'appelait-il ? Tu attrapes ton Galaxy. "Attends, je vais te le trouver". Un clic, deux clics, avec google map, le tour est joué. Santa Cruz, septembre 1997, quelques mois avant le OUI de Valparaiso. Il y avait eu, aussi, un OUI à Miskolc, en novembre 1997. Combien de fois tu m'as demandé, combien de fois j'ai dit OUI ? Du fond du lit, du bout du doigt, tu repères le port. Les gigantesques paquebots remplis de containers sont toujours là. Tu plonges dans les rues.  "Là, c'était le banc où je t'avais demandé en mariage, sur cette petite place, en face de la caserne des pompiers, tu te souviens ?" En fait, tu n'arrêtais pas de vouloir m'épouser. "Cela devenait urgent". Janvier 1998. Nous étions au Chili. Partis pour un bon mois. Je courais les vignobles, j'enquêtais sur le potentiel hallucinant des vins ch