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Avoir 20 ans en 2020

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Augustin est né le samedi 13 mai 2000 à 6h45. Enfant du siècle, bébé du millénaire, il fut notre cadeau commun à Samuel et moi. Ce petit miraculé a la chance extraordinaire d’avoir 20 ans en 2020. Voilà pourquoi. Augustin à deux ans avec son doudou livre tient la main d'Augustin de 20 ans. Samuel est né le 3 mai, moi le 23. Alors quand Augustin a pointé son nez le 13 mai au petit matin, à la date prévue, ce fut pour nous un double miracle. Le seul fait de naître, d’abord, et d’arriver parmi nous sans séquelle (ce n’était pas gagné). Ajouté à cela, le fait d’arriver pile entre nos deux anniversaires et pile le jour prévu (la naissance était supputée depuis le début pour le 13 mai) ce qui, j’avoue, en étonna plus d’un. Nous fîmes même, Augustin et moi, l’objet d’une brève dans le journal où je travaillais à l’époque, brève qui signalait l’exceptionnelle ponctualité de la maman (merci Chantalou !). Du jamais vu. Je tiens à souligner qu’une naissance ne se commande pas, donc m

Ballagás sous confinement

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En Hongrie, le coronavirus n’arrête en rien la tradition. L’incontournable ballagás, cérémonie de fin d’études qui a lieu juste avant le bac, est maintenue grâce à internet. Fleurs et pleurs sont au rendez-vous, via la toile. Grâce à la technologie internet, les profs s'associent pour chanter en coeur leur attachement aux élèves. Une belle journée de juin 1984, je vais chercher mes résultats du bac. Ils sont inscrits sur une grande feuille blanche et fine comme du papier de soie. Une main tendue me la transmet depuis une fenêtre du rez-de-chaussée. En noir, tapées dans des colonnes, les notes surgissent, bonnes et mauvaises surprises. Cette scène se passe au lycée Jean-Baptiste Say, à Paris. Voilà. Je repars dans les rues du XVIe arrondissement, le papier sous le bras, seule avec moi-même. Je m’engouffre dans le métro. Huit années complètes passées au lycée Victor Duruy. Pas un adieu des profs, pas un adieu de la direction, ni des élèves. Rien. Une feuille tendue depuis la

La Reine Mère se fout du coronavirus

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La Reine Mère, la mienne, pas celle des Anglais, continue sa vie de Parisienne comme si de rien n’était. Passe outre la pandémie. Mon positivisme m’interdit de l’en interdire, d’autant que je suis loin. Combien sommes-nous à essayer de l’en dissuader ? S’il y a bien UNE CHOSE à faire actuellement, c’est se calfeutrer. Surtout quand on a 89 ans…Mais ma Reine Mère ne changera pas. Au téléphone, sa voix est claire, elle rit même, se fout de tout. Me raccroche au nez. Affronte la tempête avec calme et détermination, et son éternel fort caractère en bandoulière. La voilà traversant Paris, en bus, avec sa canne. Pourquoi pas une cape pour survoler la capitale, en Super Mamie ? Elle va voir ses copines, prendre un café et une part de tarte au citron meringuée avec celle qui revient tout juste de Rome. Elle va au restaurant, chinois et coréen. Elle y a son rond de serviette. Elle va chez le généraliste pour se faire prescrire ses séances de kiné. Elle va chez le dermato, parce que c

L’Europe en notes justes

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Éva Szathmáry a trouvé le filon. Avec quelques piliers du philharmonique de Budapest, la responsable des relations humaines de l’orchestre national fait la tournée d’une quarantaine d’écoles à travers la Hongrie. Pour sensibiliser les jeunes à la musique classique. Le jeune homme, costard noir et chemise blanche sous une mini barbichette, se tient droit sur scène. Le cor levé, brillant de mille feux dans l’éclairage du spot. D’un son limpide et élégant, il joue quelques notes évocatrices. La pièce vibre. Toutes les mains se lèvent : « Star Wars, Star Wars », hurle-t-elle en cœur. Aux premiers rangs, les petits, les maternels. Aux rangs suivants, les primaires. Derrière, enfin, les collégiens. La salle des fêtes est pleine. L’orchestre philharmonique de Budapest (Nemzeti Filharmonikus Zenekar) est là, aujourd’hui, à Olaszliszka, de 14h00 à 15h30. Objectif de ce programme subventionné par l’Union Européenne : rappeler aux jeunes que la musique classique existe et qu’elle vaut le c

De Csíksomlyó à Yinchuan, une énergie nouvelle

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Csíksomlyó, Yinchuan, deux villes que tout oppose. L'une, au centre de l'Europe, est un haut-lieu de pélerinage religieux. L'autre est à mille kilomètre à l'ouest de Pékin, aux portes du désert de Gobi, symbole de l'irresistible et incessante conquête de la Grande Chine de Xi Jinping qui festoye aujourd'hui. Et pourtant, elles véhiculent une énergie similaire. Je suis remplie de Chine. J’en déborde. Et, chose étonnante, je suis en pleine forme malgré le voyage qui sépare Yinchuan d’Olaszliszka. Jet lag, coup de barre ? Eh bien non, je pourrais écrire des heures (il le faut), faire un jogging (ce que je ne fais jamais) ou trois heures de balade à cheval (ce que j’aimerais faire toujours) sans cligner de l’œil. Je suis moi-même intriguée. C’est une autre énergie que celle que j’ai rapportée de Csíksomlyó, en Transylvanie, mais cela y ressemble. Une impression de bien-être, comme lorsque l’on sort des mains expertes de la masseuse. Pourtant, tout oppose ces d